Les Ateliers de la Meuse. Itinéraires d’une entreprise liégeoise 1835-1918



Infos

Titre
Les Ateliers de la Meuse. Itinéraires d’une entreprise liégeoise 1835-1918
Collection
Histoire et industries du pays de Liège, dirigée par G. Xhayet et A. Péters
Editeur
Éditions de la Province de Liège
Auteurs
Sortie
2020
ISBN
978-2-39010-161-1
Pages
216 illustrées
Prix
29€
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Geneviève Xhayet et Arnaud Péters lancent une nouvelle collection d'ouvrages d’histoire industrielle liégeoise. Pour l'inaugurer, ils proposent un ouvrage de Michel Rutten et Erwin Woos consacré aux Ateliers de la Meuse.

"L

a cour de la Bourse d’Anvers sera couverte au moyen d’un comble en fer avec vitrage selon le projet présenté par M. Charles Marcellis et conformément aux plans et détails ci-joints ainsi qu’au présent cahier des charges." Ainsi débute le contrat liant Charles Marcellis à la Ville d’Anvers, pour la couverture de la cour intérieure de la Bourse de commerce. Le contrat obtenu par l’entrepreneur liégeois est prestigieux, mais risqué. D’un point de vue technique, la structure envisagée tient de la prouesse et, sur le plan financier, Charles Marcellis et son épouse doivent mettre l’ensemble de leurs biens en garantie de sa finalisation.  

BOURSE

La couverture de la cour de la Bouse de commerce d'Anvers, 1850
Jules-Arthur Vierendeel, La construction architecturale en fonte, fer et acier, Bruxelles, Uystpruyst, 1902, Atlas, pl.10 ©U.Gent
 

En novembre 1850, quand cette convention est signée, les Établissements Marcellis sont encore une jeune entreprise, créée quinze ans plus tôt. Si son catalogue propose toujours des objets usuels en fonte tels que des gaufriers, des casseroles, … ou des croix de cimetière, elle ne recule pas devant des défis plus audacieux. Un pont métallique à Gand, des machines d’épuisement pour le port d’Anvers, ou la couverture de la cour de la Bourse de commerce évoquée ci-dessus comptent bientôt parmi ses réalisations les plus remarquables.   

Jusqu’alors familiale, l’entreprise se transforme en 1872 pour donner naissance à la S.A. des Ateliers de la Meuse, qui existe toujours. Dans le paysage industriel de la Belle-Époque, la firme se spécialise dans le gros équipement métallique. Elle construit des machines pour les charbonnages ou la métallurgie. Profitant de l’essor des besoins en moyens de déplacement, elle usine aussi des locomotives et des bateaux, pour l’usage industriel ou le transport des passagers. Ses productions approvisionnent le marché national mais s’exportent aussi au loin. Présentées à diverses expositions en Belgique et à l’étranger, elles placent les Ateliers de la Meuse parmi les sociétés qui contribuent à l’expansion économique belge en Europe et ailleurs dans le monde. Dans le contexte géopolitique qui prélude à la Première Guerre mondiale, elle prospecte enfin le marché militaire et prend ainsi part à l’équipement des ceintures fortifiées de Liège, de Namur ou d’Anvers.

Depuis ses origines jusqu’à la fin du premier conflit mondial, l’histoire des Ateliers de la Meuse est mise en relief à travers une série d’itinéraires. Ils sont tantôt individuels, pour Marcellis ou pour ses successeurs, tels Armand Stévart ou François Timmermans, à la tête des Ateliers au long de 40 années, tantôt collectifs. À la veille de 1914, la société est forte de quelque 1200 travailleurs. Faute de sources, ceux-ci restent pour la plupart dans l’ombre, faisant du volet social le parent pauvre de cette étude. Certains cheminements sont mûrement réfléchis, comme l’adoption des innovations technologiques qui sous-tendent le développement industriel des Ateliers de la Meuse. D’autres sont dictés par les circonstances, comme la mise sous séquestre de l’entreprise par l’occupant, en 1916. D’un itinéraire à l’autre, ce livre lève le voile sur un pan resté méconnu de l’histoire du tissu industriel liégeois durant le « long xixe siècle ». Car si nombre de trajectoires sont désormais bien connues, la firme fondée par Charles Marcellis avait jusqu’à ce jour échappé aux radars de la recherche. En explorant une documentation riche, diversifiée (archives, catalogues industriels, traités techniques, etc.), et pour ainsi dire en friche, les auteurs ont retracé son parcours.

La collection Histoire et industries du pays de Liège

Ce livre inaugure une nouvelle collection d’histoire industrielle liégeoise intitulée Histoire et industries du pays de Liège, codirigée par Geneviève Xhayet et Arnaud Péters. Par « liégeoise », il convient d’entendre, conformément aux choix éditoriaux des Éditions de la Province de Liège, les limites territoriales de ladite province, ce qui correspond grosso modo au bassin liégeois. Plus largement toutefois, les ouvrages pourront s’intéresser aux zones qui ont été impactées de façon importante par l’industrie liégeoise. Pour les périodes antérieures à la Révolution industrielle, le cadre spatial pourra épouser les limites de l’ancienne principauté épiscopale. La collection HIPL s’inscrit dans une tradition historiographique qui remonte aux années 1960 et n’est pas exempte de poncifs, comme l’héroïsation des figures de l’inventeur ou du capitaine d’industrie. Elle était aussi empreinte d’une nostalgie liée au contexte qui l’avait pour ainsi dire engendrée : le déclin industriel des vieux bassins. La collection se fixe comme ambition de relayer ces travaux pionniers tout en prenant ses distances par rapport à ces tendances. Le monde de l’industrie sera envisagé de manière assez large : les établissements industriels, les acteurs et réseaux, les lieux (paysage industriel, villes ou quartiers industriels, jusqu’aux sites et bâtiments d’usines), les équipements (y compris les équipements annexes tels que hôpitaux, écoles, bibliothèques et centres de loisirs, etc.), les secteurs de production, l’organisation du travail.

Trois axes seront privilégiés : les savoirs et pratiques, les milieux, les représentations. Les Savoirs et Pratiques renvoient aux sciences et techniques en œuvre dans la production industrielle (sciences de l’ingénieur, savoirs techniques, etc., y compris l’enseignement de ces matières). Les milieux » s’entendent dans une large acception et comprennent les milieux sociaux (personnel employé, patronat, organisations syndicales …), économiques ou politiques concernés par le développement industriel, autant que le milieu naturel, avec un intérêt important porté aux questions environnementales (pollutions, controverses, etc.) liées au développement industriel. Les Représentations enfin. Élément constitutif du paysage (au sens large), l’industrie nourrit une part de l’imaginaire et de la culture. Les représentations de l’industrie dans l’art ou dans les mentalités seront envisagées dans une perspective historique. Les approches s’ancreront ainsi dans plusieurs disciplines participant du dynamisme de l’historiographie : l’histoire économique, l’histoire des techniques, l’histoire des entreprises, l’histoire du travail, l’histoire de l’art ou encore l’histoire de l’environnement.

La collection est d’ores et déjà bien lancée puisqu’un deuxième volume est en préparation, à propos cette fois d’un secteur industriel. Il s’agira d’un ouvrage collectif, relatif à la céramique industrielle d’Andenne aux xixe et xxe siècles, qui s’inscrit dans un partenariat unissant les responsables de la collection au Musée de la céramique d’Andenne et bénéficiant du soutien de la province de Namur. Sa publication est programmée pour l’été prochain.

 

Les directeurs de collection

Geneviève Xhayet est Agrégée de Faculté de l’Université de Liège (Département des sciences historiques). Ses recherches portent à la fois sur l’histoire de la médecine médiévale et moderne ainsi que sur l’histoire industrielle.

Arnaud Péters est Docteur en Histoire, Collaborateur scientifique au département des sciences historiques (histoire économique et sociale) de l’Université de Liège et membre associé du CRISS - Université Polytechnique Hauts-de-France.

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