Études philoponiennes. Philosopher à l’école d’Alexandrie.



Infos

Titre
Études philoponiennes. Philosopher à l’école d’Alexandrie.
Collection
Philosophie (PULg)
Editeur
Presses Universitaires de Liège
Auteurs
Numéro
8
Sortie
2020
ISBN
978-2-87562-256-3
Pages
434 pages

Ce livre regroupe six études qu’Étienne Évrard (1921-2009) a consacrées à Jean Philopo (VIe siècle), philosophe néoplatonicien de l’antiquité tardive. De ce dernier, nous savons peu, bien que les œuvres conservées sous son nom soient volumineuses : plusieurs Commentaires aux principaux traités d’Aristote (Catégories, Physique, Météorologiques, De l’âme, Premiers et Seconds Analytiques), deux traités polémiques où l’auteur exprime sa foi chrétienne contre les thèses sur l’éternité du monde (Contre Proclus et Contre Aristote), des traités scientifique (Sur l’astrolabe) et des traités théologiques (De Opificio mundi), etc. Mais celles-ci posent de nombreuses questions, qui en rendent certainement l’étude difficile. Qui fut Philopon ? Que suivit-il en matière de conviction ? Quelle relation entretint-il avec les philosophes de l’École d’Alexandrie ? Quelle composition adopta-t-il dans ses traités ? Quelle chronologie son œuvre suit-elle ? Autant de questions qu’Étienne Évrard a soulevées durant les cinquante années qui séparent sa première de sa dernière enquête sur Philopon. Ce sont celles qui traversent les six études rassemblées dans ce volume.

L’originalité du travail d’Étienne Évrard tient à son approche résolument philologique. À ses yeux, l’étude d’un auteur s’ancre dans une analyse préalable de ses sources, de sa méthode et de sa personnalité. C’est ce qu’il s’est employé à mener pour Philopon, figure mineure en apparence qui a pourtant joué un rôle essentiel dans la transmission des philosophies antiques, tout comme dans le tournant de la philosophie grecque à la pensée chrétienne.

L’enquête préalable concerne précisément les deux écrits qui ouvrent le recueil. Le premier (« Les convictions de Jean Philopon et la date de son Commentaire aux Météorologiques », 1953) fixe la chronologie par l’examen de l’évolution des thèses touchant la nature du ciel et sa production, une chronologie qui fait désormais autorité ; le second (L’École d’Olympiodore et la composition du Commentaire à la Physique de Jean Philopon, 1957, inédit) se penche sur le procédé de la double exégèse, dont il démontre l’utilisation par Philopon et la situe dans l’École d’Alexandrie. Une telle enquête ne possède aucun équivalent dans les études récentes. Puis, le troisième texte (Philopon. Contre Aristote, Livres I-II, 1961, inédit), qui proposait la première reconstitution, avec traduction et commentaire, de ce traité perdu, désormais connu par une édition complète (Wildberg, 1987), fournit des critères plus précis pour identifier les fragments, interpréter l’auteur qui les conserve (Simplicius) et en saisir l’organisation, tout en fournissant des lectures alternatives de plusieurs passages. Les trois dernières études, brèves, approfondissent les thèmes envisagés dans les trois premières, en particulier la place de Jean Philopon dans la philosophie grecque, le christianisme et la tradition latine. Ce faisant, elles illustrent la pertinence philosophique de la méthode philologique des travaux précédents.

Étienne Évrard a été Professeur de latin à l’Université de Liège de 1966 à 1986. À l’aube des années 1960, il s’est pris de passion pour les humanités numériques naissantes. Sans doute sont-ce là les motifs qui l’ont tenu éloigné de Philopon et, surtout, de la publication des deux longs essais reproduits ici, qui forment l’apport central de ce livre. Son intérêt pour cet auteur n’a cependant jamais complètement disparu, comme en atteste son dernier article sur le sujet, écrit en 1996. Ce n’est dès lors pas le trahir, me semble-t-il, que d’en proposer aujourd’hui la publication.

 

Marc-Antoine Gavray est chercheur au FRS-FNRS et enseigne l’histoire de la philosophie antique à l’Université de Liège. Spécialiste de Simplicius, il s’est pris de passion pour les écrits d’Étienne Évrard à la faveur d’une inondation. Son intérêt pour les sophistes ne l’a pourtant jamais quitté.

Partager cette sortie de presse