De Picasso à Gabriel García Márquez, de nombreux artistes et intellectuels se sont emparé de Celestina, maquerelle éponyme de La Celestina ou Tragicomedia de Calisto y Melibea. Ce personnage littéraire s’est dès lors élevé au rang de figure mythique, rejoignant ainsi don Quichotte et don Juan au panthéon des emblèmes de la culture hispanique. Entre étude narratologique, examen anthropologique et histoire de la réception, cet ouvrage offre la première étude, à la fois structurale et historique, du mythe de La Celestina. Après avoir tracé une histoire panoramique de la réception de cette tragicomédie du 16e au 21e siècle, cette monographie aborde les défis théoriques et méthodologiques de l’étude du mythe littéraire avant d’étudier, dans une perspective mythopoétique, trente réécritures littéraires de La Celestina produites dans le monde hispanique de 1822 à 2014, de la comedia de magia de Hartzenbusch à la continuation d’Álvaro Tato, en passant par des textes de Pérez Galdós, Carlos Fuentes, Alfonso Sastre ou encore Juan Goytisolo. Les variations des mythèmes mis au jour à travers ces réécritures sont expliquées par divers facteurs complexes relevant tant de la construction discursive des textes que de leur contexte socio- historique et culturel de production. L’articulation entre étude structurale et examen historique permet ainsi d’éclairer les processus généraux de la réécriture et du mythe en tant que phénomènes de réception de l’œuvre littéraire.

Jéromine François, collaboratrice au Département de langues et littératures romanes et membre de l'Unité de Recherche Traverses, est l'auteure de cet ouvrage.